On est le 24 janvier et je me réveille dans un hostel en plein de centre de Christchurch, sympa bien qu’hors de prix. Le dortoir de 8 personnes me protégeant de toute grasse matinée intempestive, je file à la cuisine petit-déjeuner de bon matin. Je croise Timon puis Damien dans les couloirs en revenant, ils étaient dans une autre chambre. Je les attends pour aller mettre toutes nos affaires dans la voiture ensemble, le check-out étant à dix heures, avant de partir en ville.
Je traîne à la bibliothèque pendant que mes compères rejoignent Quentin et Romario qui ne partent que l’aprem. Ils me rejoignent tous en début d’après-midi alors que je suis en train d’avaler du haloumi frit (c’est bon mais moins que grillé quand même) harcelé par une trentaines de mouettes en face du foodtruck. On se (re)dit au revoir avec Quentin et Romario et on retourne à la voiture pour continuer notre route.
Damien, Timon et moi avions une vision un peu différente de la façon de voyager et on s’en est rendu compte au moment de choisir l’étape après Christchurch : si j’avais l’intention de conduire une à deux heures grand max par jour et faire plein de petites étapes dans des coins paumés, Timon avait en tête de faire plutôt du 3-4 heures pour aller d’un endroit connu à un autre, et Damien s’en fichait un peu du moment qu’on passait à certains coins précis qu’il voulait voir. Quand je dis que je compte faire les trois heures de route jusqu’au lac Tekapo en deux à trois fois, alors qu’ils pensaient qu’on y allait direct, on réalise qu’on a un décalage là dessus. On prend le temps d’explorer les options pour satisfaire tout le monde et on trouve un terrain d’entente consistant en des étapes, mais moins. On prend donc la route direction le campsite de Woodbury, le long d’une rivière au début des montagnes.
Le coin est sans doute charmant, mais on ne le saura jamais puisqu’il pleut et bruime toute la fin d’après-midi, soirée et nuit nous confinant dans la voiture sauf brièvement pour manger. Il fait froid, humide, on est trempés dès qu’on sort de la voiture, Damien chante les lacs du Conemara en boucle… Une soirée mémorable. On suspend le tarp tant bien que mal pour avoir à minima un petit abri pour cuisiner et manger, mais c’est vraiment pas fou. On traîne pas à aller se coucher, et le lendemain on plie bagage au plus vite et fuit le lieu pour aller se réchauffer dans un café (surtout mes deux compères qui réalisent cette nuit là que leur tente n’est pas étanche), puis on reprend la route direction les montagnes et lac Tekapo.
Ça commence à grimper
Depuis la route, on commence à voir les montagnes, je suis comme un taré : enfin je vais voir les Southern Alps, je suis tellement impatient ! On s’arrête à quelques points de vue et arrive à Lake Tekapo en fin de matinée. Le coin est très beau, même si le village en lui-même fait plutôt station de tourisme que village de caractère. On balade pour voir les incontournables : un grand pont piéton et une petite chapelle en pierre au bord du lac. J’arrive à force de patience et de ténacité à prendre une photo sans aucun touriste dessus. C’est pas facile, on est vraiment un sacré paquet !
Après un pique-nique au bord du lac on décide de faire une courte rando jusqu’à l’observatoire sur la petite colline à côté du lac. Le coin est réputé pour sa faible pollution lumineuse et ses ciels étoilés, d’où l’observatoire, on note donc qu’il faudra lever le nez cette nuit avant d’aller au lit. En marchant on croise quelques francophones et tape la discute un bon moment en chemin puis au sommet. L’un est un retraité qui vit au Vietnam ce qui intéresse beaucoup Timon qui veut partir là-bas après Aoteroa, quant à moi je discute avec un couple français installé à Christchurch depuis trois ans après dix ans au Canada et glane des infos sur les moyens d’obtenir un visa de résident. Après une grosse heure à bavarder au sommet, on se rappelle que Damien est resté en bas à cause de son genou qui était douloureux, on dit au revoir à tout le monde et part prendre quelques photos depuis le sommet avant de redescendre. Une fois en bas, on profite d’une baignade dans le lac pour se laver un peu car on va encore dans un campsite sans douche ce soir, puis on repart en direction dudit campsite.
La rote passe le long du Lac Pukaki, que j’avais noté comme point d’intérêt sur la carte. On s’arrête à un point de vue pour l’admirer et je regrette que l’on ai pas choisi plutôt ce lac pour randonner autour: c’est absolument sublime. La couleur de l’eau est épique, le paysage autour est bien plus montagneux et on peut admirer tout au bout Aoraki, le plus haut sommet d’Aotearoa, tout enneigé. Épique.
On s’arrête enfin à un campsite gratuit non loin, dans un coin plutôt charmant le long du lac Poaka. On s’aperçoit qu’à moins d’une demi-heure de marche de là, il y a un paysage emblématique du Seigneur des Anneaux, les « Pelennor Fields« , auquel on décide de se rendre. Le chemin étant large et plat, j’embarque la guitare (oui j’ai acheté une guitare merdique à Christchurch, la musique ça me manquait) histoire de profiter d’une balade musicale au coucher du soleil. Arrivés sur place, Damien et/ou Timon semblent reconnaître le lieu d’après le film, perso je reconnais surtout que c’est joli. Je pense reconnaître le Gouffre de Helm mais en fait pas du tout. Mais c’est quand même joli. Le soir on attend que la lune passe derrière les montagnes pour admirer les étoiles. Ça aussi c’est joli, mais par contre ça caille sévère alors on s’éternise pas.
Tiens, chose amusante (enfin pas non plus de quoi se taper des barres) : ici la forme de la lune est l’opposé de celle qu’on connaît en France. Elle fait un « C » quand elle croît et un « D » quand elle décroît.
Au top
Un nouveau jour se lève et pas n’importe lequel : aujourd’hui on va à Wānaka ! Cette ville, c’est une de mes plus grosses attentes, j’en ai entendu que du bien et c’est à priori un des endroits que je pourrais préférer en Nouvelle-Zélande : près des montagnes, peu touristique et pas très grande. De la pluie étant annoncée on réserve quelques nuits dans un holiday park ou passer les mauvais jours à l’abri. On fait les quelques heures de routes de bon matin avec une pause café à Twizel, proche de notre campsite de la veille, et un stop à un point de vue dans les montagnes. On fait la route avec la B.O. du Seigneur des Anneaux, en commençant par le Rohan suite au paysage d’hier et en finissant avec la course poursuite entre les Nazguls et Arwen transportant Frodon blessé, puisqu’on passe non loin de la forêt qui a servi de tournage à la scène.
On se pose au campsite qui est super cool et confortable, y a même une piscine ! Pas super utile pour le jour pluvieux, mais pour l’instant il fait beau et chaud, et on en profite allègrement après une visite de la ville.
Le camp est à 40 minutes à pieds du centre-ville et on marche le long du lac pour y accéder, c’est plutôt chouette. J’en profite pour filer mes affaires aux gars et couper à la nage. Même si il y a moins de distance, ils m’attendent un petit moment. Le lac est extra, son eau est pas trop froide, la vue sur les montagnes et glaciers est merveilleuse. Sa principale attraction est That Wānaka tree : un arbre isolé sur la plage qui pousse carrément les pieds dans l’eau. Quelque soit l’heure du jour où de la nuit, il y a toujours des gens en train de le photographier ! L’été étant assez sec, le niveau du lac est bas et l’arbre n’est pas immergé. On le prend quand même en photo, en bons touristes. La ville en elle-même n’a rien d’extraordinaire, c’est juste une petite ville, avec un Lakefront plutôt touristique, une rue commerçante et des banlieues résidentielles qui s’étalent partout autour. Le tourisme est présent sans être envahissant, le lac est assez préservé et on a pas la sensation de se baigner dans les rejets de moteurs de bateau.
Proche de notre camp il y a aussi le départ d’une rando très célèbre ici : le Roy’s Peak. Le sommet offre une vue imprenable sur la vallée et le lac de Wānaka ainsi que le parc national du Mount Aspiring et est conseillé de faire au coucher ou lever du soleil. N’étant pas surmotivés pour un lever à trois heures du mat’, on opte pour la première option et un départ depuis le camping, qui rajoute une grosse demi-heure de marche le long de la route. La montée se fait bien, même Damien qui a toujours mal au genou la torche en moins des trois heures annoncées. Quelques mètres avant le sommet le chemin atteint un arête qui sonne le début de la récompense avec une vue sublime. On pique-nique au sommet en admirant les rayons de soleils disparaître. Le paysage est particulièrement éblouissant. La nuit tombe pendant la redescente, qui nous prend plus de temps que la montée à cause du genou de Damien. Durant une pause où j’attends les deux autres pour leur faire profiter de ma frontale, je discute brièvement avec un français qui me parle d’une soirée électro en février où des DJ français vont mixer dans un bar à Wānaka qui s’appelle Lalaland. Je note la date, sait-on jamais. On rentre au camping en matant le ciel étoilé au dessus de la route déserte, ce qui clôture plutôt bien l’excursion.
Faut bien redescendre
Après une nuit réparatrice et un peu de chill au café de Wānaka, nous reprenons la route direction Dunedin. N’ayant pas envie de faire d’un coup les trois heures de route, on prévoit une étape plus ou moins à mi-chemin dans un camping gratuit.
Entre Wānaka et Cromwell on fait un crochet par Bendigo Ghost Town, un ancien village de mineurs. L’endroit est clairement pas incroyable et consiste principalement en quelques ruines de maisons en pierre parsemées dans des collines. Pour autant l’ambiance détonne avec tout ce qu’on a vu jusque là, et la chaleur ajoutée à la végétation plutôt sèche donne presque un air de Western.
On fait ensuite une pause déjeuner à Crowmell histoire de jeter un coup d’œil à la ville. Rien de vraiment intéressant à part une petite rue commerçante piétonne mignonne au centre. On reprend donc rapidement la route qui longe la rivière Clutha (qui part du lac de Wānaka), jusqu’au Pinders Pond campsite logé entre un étang et la rivière. On arrive relativement tôt et profite du coin : baignade dans l’étang, presque baignade dans la rivière mais en fait non car on est pas sûrs que y ait des algues toxiques, guitare & chill, balade le long de la rivière au coucher du soleil… L’endroit est pas extraordinaire mais plutôt sympa.
Au pied du mur
Après une nuit fort agréable et un réveil en douceur au soleil, nous quittons Pinders Pond et continuons notre descente de la Clutha. Le temps d’une ou deux pauses café/essence et nous arrivons à Dunedin en début d’après-midi. Damien et Timon ont loué une cabin pour deux nuits histoire d’avoir un peu de confort et faute de mieux car tout les endroits pour passer la nuit sont hyper chers et loin du centre. Je réserve une nuit dans le même camp sur un emplacement de tente, moins cher mais quand même onéreux pour un bout de gazon. On explore les fast-food locaux afin de nous sustenter, puis les gars chill dans leur cabin pendant que je pars jeter un coup d’œil à la ville. On retrouve enfin des immeubles, des vrais, c’est… cool ! Je pensais pas que ça pourrait me manquer, mais en fait l’architecture, ça a son charme. La ville est aussi bourrée d’églises et de bâtiments bien chiadés genre la gare ou l’Université qui est immense ! Pour l’instant je marche juste le long de la baie puis rejoint la grande place qui marque le centre ville, où je retrouve Quentin pour aller nous poser dans un pub. Quentin, qu’on avait laissé à Christchurch, n’a pas pu retourner dans l’île du nord comme prévu à cause des inondations dues aux tempêtes, alors il est venu zoner dans le coin. Damien et Timon nous rejoignent et on se donne joyeusement des nouvelles autour de quelques bières tout aussi chères que les logements dans le centre. On rentre de bonne heure en se donnant rendez-vous au lendemain.
Le deuxième jour à Dunedin, je continue l’exploration en jetant un coup d’œil à la gare et me baladant dans l’Université. On se retrouve avec Timon, Damien et Quentin dans un café, puis j’aide Quentin à bouger ses affaires dans un AirBnB proche de la rue la plus pentue (de la ville ? du monde ? d’Aotearoa ? Je me souviens plus), puis on se retrouve tous au jardin botanique qu’on parcourt ensemble. C’est super grand, plutôt joli, avec quelques jardins thématiques genre Méditerranée ou Afrique très dépaysants ! J’abandonne ensuite les gars pour aller dans un campsite gratuit à Warrington à 15 minutes de route au nord de Dunedin. Le lieu est mignon, sur une courte péninsule marquée par les marées. Je fais le tour du coin et me pose avec la guitare dans une petite cabane de vigie de plage en regardant la nuit tomber, une chouette soirée.
Pour mon troisième et dernier jour à Dunedin, je quitte le campsite de bonne heure et retourne en centre vile pour passer un peu de temps à la bibliothèque. Après deux ou trois candidatures pour des jobs à Dunedin (parce que oui, j’ai bien aimé la ville au final), je passe récupérer Quentin, Timon et Damien pour aller visiter Tunnel Beach, une plage à laquelle on accède via des escaliers dans un tunnel creusé das la roche. La plage et ses paysages sont splendides, avec des vagues bien violentes qui nous découragent de toute baignade intempestive.
Je ramène les gars dans Dunedin et j’en profite pour faire quelques courses. Puis vient le temps du départ : on est déjà le 1er février, et après presque quinze jours de voyage ensemble il est temps de se dire au revoir avec Damien et Timon. Ils vont continuer le voyage vers l’Ouest direction Queenstown, Mildford Sound puis l’île du nord, quant à moi je pars vers le Sud vers Invercargill. Quentin, lui, devrait pouvoir rejoindre l’île du nord bientôt. Après d’émouvants adieux sur le parking du supermarché, je remonte dans Gouffric et attaque la route vers le Sud. Plus de plans copains, plus personne à rejoindre, à partir de maintenant je voyage en solo.