Tout ce qui te passe par ma tête

Welly, c’est fini

Après presque quatre mois de séjour joyeux et animé à Trek, la pénurie de boulot et l’augmentation des prix dus aux vacances d’été me poussent à faire des économies en quittant l’hostel (hors de question de rogner sur l’alcool). Ayant acheté une voiture quelques semaines auparavant dans l’intention de traverser l’île sud avec, c’est l’occasion de s’entraîner à ce mode de vie.

Petite parenthèse d’ailleurs : certaines personnes ont pu m’entendre le dire, je prévoyais originellement de partir dans l’île sud début décembre et prendre bien trois mois pour l’explorer de fond en comble. Plusieurs éléments m’ont poussé à reporter ce départ. En premier lieu, l’achat de la voiture que je prévoyais en novembre s’est décalé à début décembre et je ne voulais pas acheter mon ticket de ferry avant d’avoir la voiture de façon sûre, je suis prudent et préfère ne pas mettre la peau de l’ours dans le char avant de tuer les bœufs. Mon départ se décalant ainsi vers la mi-décembre a amené le second point : je préférais passer les fêtes de fin d’année avec toutes les connaissances rencontrées à Welly plutôt que potentiellement tout seul. J’ai donc réservé un ticket de ferry Wellington-Picton le 2 janvier.

Revenons maintenant à nos moutons. Le 21 décembre, je pars donc de Trek vers de nouvelles aventures. N’écoutant que mon courage et ma flemme monumentale de faire deux aller-retours, j’accroche mon sac de 70 litres sur mon sac de 80 litres afin de mettre les deux sur mon dos, je mets sur le ventre mon plus petit sac avec tout mon bazar informatique qui pèse une tonne, prends à la main mon sac-cabas de bouffe et me voilà parti pour dix minutes de marche en montée incluant les Allenby stairs de l’enfer. Ce sera la première et dernière fois que ferai ça tant ces quelques minutes m’ont parues plus longues et difficiles que trois jours de rando en autonomie dans les Alpes. Je cale tout ce boxon dans ma voiture, que j’ai commencé à équiper d’un matelas gonflable et d’un oreiller. Je passe la nuit chez une connaissance en banlieue de Wellington et pars le lendemain direction la côte sud de l’île nord, à l’est de Wellington après la barre montagneuse.

En voiture, Simone

La vue depuis ma chambre

Passé les banlieues nord de Welly, la route fut carrément le baptême du feu pour la conduite : une demi-heure de virages intenses sur une route montagneuse sous la pluie. Je m’attendais vraiment pas à ça et m’en suis pas trop mal sorti, me mettant régulièrement sur le côté pour laisser passer les gens coincé derrière moi et mes 30 km/h. Je fais une pause au Lake Wairarapa pour pique-niquer sous la bruime, puis reprends la route direction les Putangirua Pinnacles : une formation rocheuse particulière qui a notamment servi de décor à une séquence du Seigneur des Anneaux. Le coin est superbe, silencieux, on se sent tout petit au milieu de ces monolithes, c’est assez dingue. Après cette courte rando je continue la route pour aller dormir à un campsite gratuit à Ngawi. Ma première soirée n’est pas ouf : je manque de matériel, il bruime et vente dehors et j’ai peur que mon matelas soit crevé (bon il s’avère que c’était juste un bouchon pas fermé). Le coin est cependant splendide et ça compense largement.

Le lendemain, je continue encore la route côtière pour aller vers le cap Palliser, le point le plus au sud de l’île nord, près du village de Mangatoetoe où je me gare. Une demi-heure de marche le long d’une colonie de phoques (même vivant ça pue grave en fait) m’amène au cap, surplombé d’un phare réclamant l’ascension de quelques marches pour accéder à un point de vue superbe. Je continue ensuite le chemin jusqu’à l’embouchure de la rivière Waitetuna qui sort des collines ausquelles s’accorche une forêt très dense non loin de là, avant de revenir à la voiture en courant entre les gouttes de la pluie qui arrive. Sur le chemin retour je pique-nique au lac Onoke et fais un tour sur la plage proche de son embouchure. Je rentre ensuite à Welly pour squatter chez Timon et Damien qui font du housesitting dans une baraque gigantesque, et chez qui on va fêter Noël le 24 au soir.

Noël au balcon

Notre ami Rudolf

Noël sur la terrasse avec barbecue et piscine pour être exact. J’arrive le 23 chez Timon et Damien qui m’hébergent gentiment dans leur house sitting : un gardiennage de maison et animaux pendant que les proprios sont en vacances. Ils gardent Storm, une chienne de 15 ans qui n’a plus de tempétueux que le nom, et deux chats : Luna qui kiffe les câlins, et l’autre que j’ai à peine à aperçu. La maison est immense, deux étages, trois salons, deux jardins, une piscine, bref c’est plutôt chouette ! On y fête le 24 au soir entre francophones à l’exception d’un brésilien, avec un mix traditions francobelges et kiwi, passant du foie gras ramené par Allison au barbecue plus courant ici à Noël, sans oublier les bières Belges de Quilian. À deux heures du matin, pendant qu’on jouait au « loup garou en une nuit » (excellent jeu) sous le Rudolf de la salle à manger, Xavier sort le vin rouge et le plateau de fromage : que du bonheur.

Un 25 peinard

Après une (courte) nuit, le jour de Noël se poursuit dans le même esprit que la veille, à manger les reste du barbecue au bord de la piscine sous un soleil de plomb. Damien ramène le Champagne, qu’il consent à partager cinq minutes après nous avoir nargués en avançant que c’était rien que pour lui, on finit le fromage, sieste et joue peinard. En fin d’après-midi j’abandonne mes compères pour retourner en centre ville : il est temps de fêter Noël à l’anglaise avec toute la bande du UK. Ça risque de picoler sec mais heureusement, j’avais gardé deux nuits à Trek en prévision. Je file check-in à l’hostel, me change et fonce au réveillon de Noël anglais chez David et Hayley, craignant que tout le monde m’attende car ils mangent quand même beaucoup plus tôt que nous. Fort heureusement quand j’arrive vers 18h ils en sont encore à l’apéro et le repas n’est pas prêt. Je les rejoins rapidement dans leur alcoolémie, puis apprécie un repas ultra-copieux préparé de leurs blanches mains, typiquement anglais : des patates et de la sauce gravy, de la dinde, des saucisses enroulées dans du bacon, des carottes rôties au miel, des espèces de soufflés chelou… C’est plutôt bon, sans non plus être incroyable et je suis super content d’avoir pu goûter leurs spécialités. On picole encore beaucoup, à la mode anglaise : on boit ce qu’on a apporté plutôt que tout mettre en commun et on s’offre des coups les uns les autres. Autant vous dire qu’après une bouteille de vin et toutes les bières offertes je suis pas bien frais, j’en offre donc volontiers le dernier tiers avant de rentrer m’écrouler dans mon lit.

La photo de famille du UK Christmas

Le 26 en Aotearoa c’est aussi un jour férié, et assez particulier : le boxing day. Les magasins écoulent les stocks d’invendus de Noël avec des soldes monstrueuses. C’est très particulier car tout le reste est fermé, et la ville qui était totalement morte depuis la veille récupère de la vie, mais uniquement dans les rues commerçantes ! Je vous raconte pas la galère pour avoir un café, il faut identifier les shoppers avec un gobelet à la main et remonter le courant jusqu’à la source. On va chez Rhys et Harry avec Allison et Catriona pour chill devant Netflix en mangeant des croques-monsieur que je prépare avec amour. Pour eux c’est hungover lunch, mais comme j’ai toujours pas la gueule de bois après la picole, je prends des bières au passage. On bouge en fin d’après-midi pour rejoindre le reste du groupe à un barbecue, puis en fin de journée je rejoins Xavier et Manon à un bar pour un couple de bières. Le 27 je passe l’essentiel de ma journée à nettoyer de fond en comble ma voiture qui pue et est particulièrement crade. Déjà parce que j’ai pas envie de passer tout mon été dans une voiture sale qui pue, et surtout parce que le lendemain on part à 6 dans ma caisse direction Taupō : je veux pas transporter mes potes dans une poubelle ! Je check-out de Trek pour la dernière fois, après avoir squatté leur aspirateur, et vais dormir chez Rhys et Harry.

Back in Taupō

Rando au Lac Taupō, 2014

Les portières claquent dans un joyeux brouhaha, le moteur s’allument et nous voilà parti direction Taupō avec Jade, Rachel, Alex, Catriona et Xavier. Ma voiture, toute propre pour l’occasion, est en mode « famille » avec ses 7 sièges, et est plutôt confortable tant qu’on a peu de bagages. Ça tombe bien on part que pour une nuit, fêter les 30 ans de Catriona à grands coups de saut en parachute ! Pas pour moi, j’ai pas changé à ce point là, je me contenterai d’une rando pendant qu »ils s’envoient en l’air. C’est la première fois que je vais retourner dans un endroit d’Aotearoa où j’étais déjà allé il y a huit ans ! Je me rappelle qu’à l’époque on avait campé en bord de rivière, avait marché jusqu’à un super point de vue et était allés se baigner de nuit dans des sources chaudes avec une bière.

La route se passe nickel, on est 4 à pouvoir conduire et on se relaie ce qui donne un peu pus d’une heure de conduite par personne, au top. La route est magnifique, on passe le long de la chaîne volcanique au sud du lac Taupō sublimée par une jolie lumière. En fin d’aprem on atteint la ville, dépose les anglais à leur hostel et fonce au campsite gratuit avec Xavier. Je me rends compte en arrivant que ce campsite est à côté de là où on avait dormi il y a huit ans, qui est aujourd’hui juste un parking de jour, que de souvenirs ! Il y a beaucoup de monde, c’est le seul campsite gratuit du coin. Fort heureusement il y reste un peu de place, on pose donc le camp et rejoint les autres en ville à pieds pour une pizza en terrasse et une soirée karaoké (non je n’ai pas chanté) (enfin je crois) au bar d’à côté. Le lendemain, on plie le camp et retrouve la fine équipe en gueule de bois pour un petit dej’ au Mac Do, histoire de bien faire tout ce qui est déconseillé avant un saut en parachute (certaines ont même enquillé des shots de gin au petit dej’, mais je balance pas de nom). On les dépose puis on part randonner avec Xavier sur un track pas trop loin. au début de la montée, un endroit me semble familier, puis deux, puis trois… Arrivé au sommet, je reconnais le point de vue d’il y a huit ans : j’ai réussi à choisir exactement la même randonnée, espèce de patate que je suis ! Heureusement, c’est toujours aussi beau.

La journée avançant et la route étant longue, on ne bouclera pas la boucle « refaire exactement les mêmes trucs qu’il y a huit ans » en allant prendre l’apéro dans les sources chaudes et nous repartons en milieu d’après-midi. Le chemin retour se passe bien aussi, si ce n’est que ma voiture commence à faire un drôle de bruit quand on touche au volant… Faudra que je m’en occupe.

Préparatifs et nouvel an

De retour à Welly, je squatte chez Timon et Damien (enfin à leur housesitting) jusqu’à mon départ. Comme c’est les vacances d’été + Noël, tout est fermé et je galère à trouver un garage ouvert, ce qui ne manque pas de me stresser : je prends le ferry dans quelques jours et n’ai pas le temps d’attendre un rendez-vous ni même d’immobiliser la voiture chez le garagiste. Je trouve un garage qui jette un œil : il y a apparemment une fuite dans le liquide de direction assistée. Le réservoir était vide ce qui a généré le bruit et potentiellement des dommages puisque la voiture a roulé plusieurs centaines de kilomètres à sec (environ 800 l’aller-retour à Taupō). Le garagiste me rassure et me dit que maintenant que le réservoir est rempli, j’ai de quoi attendre que tout rouvre et embarquer tranquille pour l’île du sud.

Bonne année !

En attendant le départ, je finis de m’équiper pour le camping : table pliante, rideaux, jerrican, camping-gaz… Le réveillon du nouvel an se passe dans la joie et la bonne humeur avec une petite touche Méditerranéenne : j’achète une bouteille de Ricard pour fêter 2023 ! En délicieuse conséquence de quoi je me fais plein d’amis que j’oublie aussitôt, étant complètement torché à 21h30. On passe le début de soirée à Trek, qui était bien plein, avant d’aller sur le waterfront pour voir le feu d’artifice, puis ensuite c’est un peu plus flou. À deux ou trois heures du matin je rentre en titubant jusqu’à Kakori depuis Mount Victoria, ce fut une très longue heure de marche dans un froid glacial car j’avais oublié ma veste et mon tour de cou quelque part. Le premier de l’an je me remets tranquillement de mes émotions, vais récupérer ma veste que Allison a généreusement pris en charge, pose mes sacs dans la voiture et me couche pour une courte nuit : j’embarque à 5h30 du matin, direction l’île du sud.

Quilian, Xavier, moi et Allison le soir du réveillon. Je suis torché et il fait encore jour.