Tout ce qui te passe par ma tête

On dirait le sud

Nous sommes le 1er février, sur le parking d’un Pak’n’Save à Dunedin et je m’apprête à prendre la route direction le sud de l’île du sud, pour mes débuts en tant que voyageur solitaire. Au programme, rejoindre Invercargill puis le Fiordland en quelques étapes, avec des arrêts un peu partout pour m’émerveiller un peu.

Poulet poulet poulet

Ma meilleure prise du vue du manchot. Vous pouvez jouer à essayer de deviner où il est sur la photo

Avisant la carte, j’opte pour faire étape au Hillview campsite pour la nuit, puisqu’il semble sympa et très peu cher et que de toute façon il n’y a aucun site gratuit dans les environs. C’est à moins de deux heures de route et l’après-midi n’est pas si avancée. J’en profite donc pour faire un crochet par le Nugget point non loin du campsite. Une quinzaine de minutes de marche pour accéder à un phare perchée sur une belle péninsule surplombant une côte parsemée de rochers dont la forme auront sans doute suggéré le nom. Pas de KFC en vue donc, première bonne nouvelle. Sur le retour je fais un arrêt à Roaring Bay qui est juste à côté. Depuis le parking, un chemin amène jusqu’à une cabane qui permet d’observer les yellow-eyed penguins ou ohio (manchots antipodes) qui vivent dans la baie. L’espèce étant en voie de disparition, il faut compter sur la chance pour les voir. J’attends dans la cabane quelques minutes en compagnie de plusieurs autres personnes et finit par apercevoir un spécimen… de tellement loin que je vois juste une forme grisâtre se dandiner sur la plage ! Je regrette de ne pas avoir de jumelles ni un bon appareil photo. Aucune bonne vidéo ou photo ne ressortira de cette expérience, mais au moins je peux dire que j’ai vu un ohio ! J’attends quelques minutes de plus dans l’espoir d’en voir un autre débarquant plus près de la cabane, puis décide que je suis pas assez patient pour ces conneries et retourne à la voiture direction le campsite.

Le camp est plutôt chouette et vaut clairement le coup pour 10 dollars : une mini cuisine couverte vaguement équipée, de l’eau potable, des douches froides gratuites, chaudes pour deux dollars. Pour vous donner une idée, pour le même prix les campsites du DOC (Department Of Conservation, un genre de ministère de l’environnement mais géré par des personnes compétentes plutôt que les gendres des directeurs de Total) n’ont ni douche ni eau potable. Je discute avec un couple de français qui étaient dans la cabane à Roaring Bay avec moi, j’ai apparemment manqué un manchot très proche de la cabane à cinq minutes près. Bon. Faudra que je travaille ma patience. J’apprends aussi qu’on a été bien chanceux, car il n’y a plus que deux couples habitant dans cette baie autrefois blindée d’ohio.

Cacatlins

La nuit fut agréable et je suis prêt de bonne heure pour attaquer la route. J’ai préparé mon itinéraire la veille en remarquant une cascade non, loin, puis une autre, puis une autre…. jusqu’à me faire un plan de route avec pas moins de 5 cascades à voir avant d’arriver à Curio Bay, un spot apparemment assez extraordinaire conseillé par Mathis quand on était à Aussie Bay. Accrochez vous à vos slips car cette journée restera l’une des plus mémorables de tout mon voyage en terme de magnificence. Il s’avère que sans le savoir je vais me faire la fameuse Catlins road dans la journée. Mais d’abord, pause Kaka.

Selfie devant un panneau d'entrée de ville  affichant "Welcome to Kaka Point - Sun, Sand, Scenery".

Le Nugget Point est situé juste à côté de cette charmante ville côtière répondant au doux nom de Kaka Point. Je me devais de prendre le temps d’aller faire un selfie en ces lieux. Bon j’ai pris la plage en photo aussi, cause qu’elle est plutôt jolie.

Par contre impossible d’avoir un café dans ce bled car tout est fermé. Je m’éternise donc pas et reprend la route direction le café le plus proche les Purakaunui Falls, avec un stop à Owaka (qui se lit instinctivement « Au kawa » quand on est à ce stade de manque d’espresso).

Purakaunui Falls

Mon addiction à la caféine contentée, je conduis jusqu’à la première cascade qui n’est pas très loin de là. Quelques minutes de conduite sur une gravel road et me voilà sur le parking. Quelques minutes de marche charmante dans la forêt, et là, boum. La cascade numéro un. J’étais pas prêt.

(note: je reprends l’écriture de cet article plusieurs mois après, réalisant qu’il va falloir être plus synthétique si je veux avoir une chance de finir ce récit de voyage un jour. Je compacte donc.)

Compactons, compactons. Pour faire simple, ma journée a consisté à rouler 15 à 60 minutes, marcher entre 10 et 30 minutes, voir une à plusieurs cascades, revenir à la voiture, recommencer. Après m’être fait avoir par les « Niagara falls » qui étaient en fait une blague (une spectaculaire chute d’eau de 13cm dans une petite rivière) assez typique de l’humour kiwi, je finis mon aventure à Curio Bay où à défaut de cascade on peut admirer une forêt pétrifiée dans la roche à même le sol. Genre des fossiles d’arbres qui ont plusieurs millions d’années, ça fait son petit effet. Y a aussi des pingouins, mais j’ai pas été assez chanceux pour les voir. Par contre j’ai pu admirer les dauphins jouer dans les vagues à quelques mètres de moi, et ça c’était classe quand même.

Le coin étant assez cher, je fais une heure de route supplémentaire jusqu’à Wyndham pour dormir dans un super campsite, très bien équipé, méga pas cher et proche d’Invercargill. J’y rencontre un couple français qui font des crêpes pour la chandeleur.

Au fond du trou

Sexy boy

Le lendemain, au programme : visite d’Invercargill, surnommée (je l’apprendrais plus tard) le « trou du cul de la Nouvelle-Zélande ». Pour fêter ça, je me réveille avec mon tout premier bouton de fièvre, qui me fait un mal de chien et triple ma lèvre de volume. Comme c’est le premier de ma vie, ben à ce stade je sais pas ce que j’ai.

Avant de lever le camp, je pense à prendre quelques photo de mon carrosse-palace histoire de pouvoir vous donner une idée du luxe intersidéral dans lequel je vis:

Invercargill n’a rien de particulièrement attrayant, à part être très au sud de l’île sud. On peut y voir des tracteurs en vitrine en centre-ville, ce qui donne une bonne idée de l’origine du surnom. Le jardin botanique est pas mal, y a même une genre de mini ferme avec quelques poules, trois dindes et un wallaby qui se prend pour une volaille. J’avise un holiday park pas trop cher (et super cool, tellement que plein de gens y vivent à l’année) en bordure du trouduc de la ville, proche d’une iiiiiiimmense plage, Oreti beach, sur laquelle je traîne un peu. Le soir j’y retourne avec la guitare dans l’espoir de voir une aurore australe (sans succès).

Jusque dans les entrailles

Nouveau jour, nouvelle aventure ! Je décide de zapper l’option Stewart island, une île encore plus au sud sur laquelle on peut voir des kiwis (l’oiseau) et des aurores australes (mais c’est pas la saison), parce que bateau + logement là bas c’est super cher, et j’ai pas une thune à cause de Gouffric et du peu de jours où j’ai bossé à Welly. Je met donc le cap vers l’ouest, plus exactement le nord-ouest, histoire d’aller voir l’un des plus gros objectifs de mon voyage : le fiordland !

Mais c’est quand même trois heures de routes alors je fais des stops. D’abord à Clifden cave, une super grotte plutôt longue qu’on peut visiter en toute autonomie. Solo c’est pas hyper rassurant. Sorti de là, je m’arrête au Clifden suspension bridge pour manger un bout, puis reprend la route et fais un crochet par les Rakatu wetlands. De là je rejoins Manapouri non sans quelques arrêts sur les lookout de bord de route.

C’est donc après une journée bien remplie que je pose le pied à Manapouri. Quelque part un aboutissement de mon voyage, je suis enfin au Fiordland, tout excité. Le temps est prévu pour virer à la pluie le lendemain, je réserve donc quelques nuits dans le moins cher des holiday park locaux, pose ma voiture et vais visiter les environ, en commençant par un plouf dans le lac. Je me serais bien passé des bateaux à moteurs gâchant la quiétude du lieu, mais bon, l’enfer, c’est les autres, et là je suis au paradis.

Nous sommes le 4 février, je ne sais toujours pas pourquoi ma lèvre me fait aussi mal, et je suis dans un bled paumé du Fiordland avec presque plus de fromage pour les prochains jours pluvieux.