Tout ce qui te passe par ma tête

De l’autre côté

Noël est passé, le jour de l’an aussi, mes sacs sont bouclés, les au revoir faits : je suis fin prêt. Il est temps de quitter Wellington, de quitter l’île du nord, et de partir en road trip honorer un de mes principaux objectifs de voyage : visiter l’île sud d’Aotearoa. Lundi 2 janvier, à 5 heures et des brouettes, je me dirige vers le port de Wellington pour débuter la grande aventure.

La grande traversée

L’embarquement à bord du ferry se fait très simplement, même avec la voiture (on oublie pas que je suis un anxieux de base pas vraiment habitué à la conduite) et après quelques minutes d’attente je suis à bord, grignotant un sandwich en regardant les premières lumières du jour à l’extérieur. Le bateau part avec un peu d’avance, je sors regarder une dernière fois Welly, avec un petit pincement au cœur. C’est que je l’aime bien cette ville, quand même, elle va me manquer.

La traversée dure environ trois heures et offre d’assez beaux panoramas, surtout au lever du soleil. Juste en sortant de la baie de Wellington, alors que j’étais sur le pont à regarder l’océan, deux dauphins bondissent hors de l’eau juste à côté du bateau ! Nous ne sommes que deux à les avoir vus et lorsque nos regards se croisent on laisse échapper un éclat de rire tellement l’instant est magique.

L’arrivée vers Picton est magnifique, le paysage détonne avec celui de Wellington : plein de collines entourées d’eau, formant des dizaines de baies avec un très beau relief. Comme pour le départ, l’arrivée est un peu en avance. Le débarquement se fait encore plus facilement et rapidement que l’embarquement.

Ça y est, j’y suis.

Picton

L’Atlantis Backpacker et sa délicieuse absurdité

Une fois arrivé à Picton, je pose mes affaires à l’Atlantis Backpacker, excellemment conseillé par Perrine. Le lieu est plutôt marrant, le confort plus sommaire qu’à Trek mais les parties communes sont vraiment cosy et c’est quand même moins cher. Je prévois de passer deux nuits à Picton puis de prendre la route. Le choix s’avère relativement bon, car Picton n’est pas non plus immense. Je balade au Victoria Domain, une pointe qui s’avance dans la baie, ainsi qu’à Hilltop, un point de vue au dessus de la ville. C’est très joli, mais la baie est remplie de bateaux à moteurs du matin au soir, ce qui ajouté aux ferry casse un peu le délire. Le port abrite toute une colonies de raies, qu’il est assez facile d’observer tant elles se baladent pépouse !

Une raie saluant les touristes dans le port
On dirait le sud !

Au backpacker je fais la rencontre de Chiara et Diego, un duo cousine-cousin francophones qui bossent à Atlantis depuis plusieurs jours. Je les rejoins sur une plage une après-midi pour pêcher des oursins, une expérience fort sympathique et plutôt tranquille. On les déguste le soir avec un verre de pastis (il m’en reste du réveillon) en compagnie de Charlotte, une autre française, avant d’aller boire des coups dans un pub avec encore d’autres français du backpacker. On décide avec Charlotte de voyager ensemble pendant quelques jours pour visiter les environs, Chiara et Diego doivent rester encore un peu travailler au backpacker mais on garde contact pour se retrouver plus tard.

Aotearoa, baies baies

Le 4 janvier on prend donc la route avec Charlotte en direction de l’est, pour explorer un peu la côte. Je tâche de repérer les endroits où dormir pour pas trop cher, car oui, la législation a changé en Aotearoa et le tourisme en campervan, voiture, tente, est bien moins facile qu’avant. La plupart des sites gratuits qui existaient avant sont maintenant payants et un grand nombre sont désormais réservés aux véhicules dits self-contain (qui ont des toilettes et des réserves à eau propre et usée) officiellement labellisés. C’est bien moins accueillant et souvent absurde, entre sites très chers pour quasi-rien et sites avec toilettes et évier mais réservés aux self-contain, mais je ferais un article dédié là dessus plus tard. Toujours est il que trouver des lieux où dormir s’avère en fait un exercice moins aisé qu’attendu.

On a enchaîné des campings du DoC (Department of Conservation) pour 10$/pers/nuit dans des coins assez magnifiques, baladant dans les alentours de Picton et Blenheim. À commencer par Whites Bay, une plage sublime avec une grande arche, où on a pris l’apéro après une belle randonnée. Puis Rārangi, une très longue plage avec la charmante Monkey Bay et un blowhole (grotte dans laquelle la mer s’engouffre et crée des bourrasque avec les vagues).

On est ensuite allés à Aussie Bay où nous ont rejoint Denis et Ondine, deux potes à Charlotte qui voyageaient avec Mathis le précédent propriétaire de leur van. Un coin plutôt reculé mais très beau, où on a sympathisé avec un Allemand qui venait de Wānaka (10 heures de route) juste pour pêcher ici ce week-end ! Pendant la nuit, on s’aperçoit que la petite rivière est pleine de vers luisants et en remontant jusqu’à la petite cascade à côté, on se retrouve littéralement entourés de ces petites étoiles de terre. C’était absolument magnifique et reste un de mes plus beaux souvenirs jusque là.

Le jour suivant nous retournons vers Rārangi faire une randonnée sur les hauteurs, en embarquant Chiara et Diego à Picton au passage. Des flaques colorées sous ma voiture rappellent à mon bon souvenir que celle-ci a une fuite, je décide donc de prendre rendez-vous avec un garage à Blenheim non loin. Le lendemain Denis, Ondine et Mathis reprennent la route pour la côte Est et nous restons dans les alentours de Blenheim avec Charlotte, Chiara et Diego pour explorer le Wairau Lagoon, où trône une vieille épave toute rouillée, puis la Maori Island où mes trois compères essaient de pêcher une anguille pour le repas du soir (sans succès) pendant que je vais balader dans le coin. Le soir on se fait un méga apéro au coin du feu sur la plage avec deux autres français, on se marre bien et se couche à bien 3 heures du mat’.

Point de fuite

Le lendemain, après 4 heures de sommeil et un réveil difficile, j’emmène ma voiture au garage pour un diagnostic. La fuite a pas l’air vilaine et j’espère qu’elle pourra être réparée dans la journée. Charlotte m’accompagne et on laisse Chiara et Diego au camp. On va prendre un café en préparant le départ pour Nelson Lakes dans l’après-midi, puis une remontée vers Nelson où je dois rejoindre Timon, Damien et Quilian pour faire l’Abel Tasman ensemble. Au bout d’une heure et demie le diagnostic tombe : la fuite est monstrueuse. Il y a deux pièces à changer, coûtant 300$ et 800$ environ. Avec la main d’œuvre la garagiste m’annonce une facture à 1500$ grand minimum, sûrement plus. Entre trois jours et deux semaines de réparation. Elle me déconseille de continuer à rouler avec la voiture. La claque.

Le manque de sommeil n’aide pas vraiment à prendre une décision sur que faire en plus de me faire déprimer violemment (ouin quand je manque de sommeil je suis toujours méga déprimé, ça fait ça à tout le monde ?). Je peux techniquement continuer à rouler si j’achète le liquide qui fuit et remplis régulièrement. Je peux laisser la voiture à Blenheim et la faire réparer là mais deux semaines, c’est long. Je peux aussi continuer mon programme normalement jusqu’à Nelson Lakes et Nelson sans régler le problème et remplir le réservoir tout le temps, mais c’est con. Je décide finalement de rouler jusqu’à Christchurch où j’espère pouvoir avoir des réparations moins chères, plus rapides, et un house sitting le temps des réparations pour économiser le logement. Je dis au revoir à Charlotte, qui part en stop vers l’Ouest en direction de Nelson et je prends la route vers l’Est. C’est parti pour Christchurch.