Matt - Tout ce qui te passe par ma tête

Tout ce qui te passe par ma tête

Grenouille de bénitier

On est le 10 janvier, c’est l’été malgré un temps assez pluvieux et froid, ça fait une grosse semaine que je suis dans l’île du sud et l’insouciance n’aura que guère duré. Ma voiture a une fuite monstrueuse et le prix des réparations est exorbitant. Espérant y trouver des réparations moins longues et un logement gratuit, j’annule mes plans de voyage des semaines à venir et me dirige vers Christchurch.

Descente aux enfers

La plage du camping de bod de route

Déprimant toujours fortement à cause du manque de sommeil et de l’emmerde conséquente qui vient de me tomber sur le coin de la gueule, je passe quelques heures à errer dans Blenheim et en profite pour acheter le nécessaire pour le voyage : un bidon de liquide de direction assistée, un peu de bouffe, de l’aloe vera (parce que quand il fait pas moche le soleil tape fort) et un matelas gonflable. Oui parce que comme les emmerdes se déplacent toujours en groupe, mon matelas a crevé y a deux jours. Je marche 10 minutes sur le début d’une rando au dessus de la ville que je n’aurai pas l’occasion de faire par manque de temps, avale un pique-nique et attaque la route. Celle-ci traverse les hauteurs à l’est de Blenheim qui sont splendides et je regrette de ne pouvoir m’y attarder. Comme je suis quand même pas mal crevé, je m’arrête au bout de deux heures à un camping pas trop cher et plutôt confortable. Je profite d’une douche chaude pour deux dollars, ce qui après une semaine pluvieuse de douches froides fut un plaisir hautement délectable, et marche le long de la plage en regardant la pluie arriver.

La rivière Selwyn contre le camping, chouettes spots tout le long

Le lendemain je finis la route jusqu’à Christchurch avec un stop à Kaikōura, méga spot de surf et de croisières super chères pour voir des dauphins et des baleines. Il fait hyper moche, je marche 5 minutes, il se met à pleuvoir et je reviens tellement trempé que je dois changer de fringues. Je reprends la route. Plusieurs heures d’ennui mortel de conduite plus tard, j’arrive à Christchurch. C’est la fin d’après-midi, je me dépêche d’aller dans un garage pour demander un rendez-vous en prenant soin de leur donner le diagnostic fait à Blenheim. J’en trouve un qui peut me prendre dans 5 jours et estime deux-trois jours de réparations pour un tarif de 1300-1400 dollars. Banco, le rendez-vous est pris.

Je roule plus au sud en direction du district de Selwyn qui est le seul du coin à proposer des campsites gratuits (et super bien équipés). L’étape suivante est de trouver un house sitting dans le coin, surtout pendant le temps des réparations, pour ne pas à avoir à rajouter le prix d’un logement sur Christchurch. D’autant plus que les prix y sont indécents : autour de 50 dollars la nuit dans un dortoir de 6-8.

La lumière au bout du tunnel

South New Brighton

Ma chance tourne, le temps redevient chaud et ensoleillé et je trouve deux sits de quelques jours, dont un pile pendant la semaine des réparations. Le premier est dans une banlieue de Christchurch nommée South New Brighton. J’y garde Frida, une chienne de 10 ans, pendant trois jours. Le confort d’une maison m’avait manqué et je passe quatre excellents jours en compagnie de Frida qui est un vrai amour. J’explore la banlieue en promenant la chienne, c’est plutôt mignon, entre l’océan et l’embouchure de la rivière. La plage est immense et il y a une jetée énorme au centre de South New Brighton. Pas de bol, l’autre sit est annulé et je me retrouve à réserver un backpack hors de prix à Christchurch le temps des réparations.

Christchurch

J’arrive à trouver un backpack pas trop cher (mais quand même) un peu loin du centre. Je pose ma voiture au garage le mardi 17 janvier, le garagiste se veut rassurant à ce moment là. Il me rappelle une heure plus tard : c’est bien pire que ce qu’il avait imaginé, ça coûtera autour de 2000 dollars et il va faire de son mieux pour finir d’ici le vendredi. J’ai donc bien quatre jours pour visiter la ville et faire le deuil de 700 dollars supplémentaires.

Le DANCE-O-MAT

Christchurch est une ville à l’histoire vraiment très particulière. Anciennement troisième plus grande ville d’Aotearoa NZ, un tremblement de terre massif l’a totalement démolie en 2011, laissant des séquelles assez lourdes. Le centre ville est encore en reconstruction et on y trouve des bâtiments flambant neufs à côté de friches, les prix ont explosé rendant le centre inaccessible pour les locaux qui vivent désormais tous en banlieue. Ça donne un lieu à l’ambiance mi-touristique mi-désertique, très peu vivant à part dans un ou deux endroits très denses comme le Riverside Market, et une présence marqué de très grosses enseignes sans vraiment de petits commerces locaux, donnant un aspect centre commercial européen. Une expérience plutôt troublante. Pour autant, la ville a clairement un potentiel énorme dont j’ai l’impression de passer à côté, et plusieurs petites pépites : un immense jardin botanique absolument splendide, une rivière magnifique dont les bords sont excellemment aménagés, quelques restes d’architecture qui ont survécu au tremblement de terre, des concerts gratuits un peu partout pour fêter l’été, et puis THE concept ultime : le dance-o-mat. Une machine à laver recyclée en jukebox bluetooth, posée sur une place bordée d’enceintes et de lumières qui se transforme ainsi en dancefloor. Insérer 2$ dans la machine et c’est parti pour 30 minutes de fun !

Mount Vernon

Christchurch est terriblement plate, pour un amoureux des reliefs comme moi ça en est carrément stressant. Les seules collines sont tout au sud de la ville, bien loin de mon backpacker qui est évidemment au nord. N’y tenant plus, je décide un jour d’aller au sommet de l’une d’entre elles, le Mount Vernon. Il me faudra presque autant de temps pour traverser la ville et ses banlieues sud que pour monter au sommet. La vue de l’autre côté sur la Governor’s Bay est cependant une magnifique récompense.

Pendant ces quelques jours, je croise Denis et Ondine qui passaient à Christchurch après une semaine de woofing dans la Banks Peninsula à l’est de la ville. On en profite pour boire une bière ensemble avant qu’ils reprennent la route. Le lendemain je retrouve Timon et Damien qui ont tracé sur Christchurch après avoir fini l’Abel Tasman et la visite de Nelson, pour qu’on reprenne la route ensemble une fois ma voiture réparée. Je récupère cette dernière le vendredi comme prévu, me déleste de 2000$ comme prévu, et nous embarquons dans mon bolide désormais baptisé Gouffric avec mes deux compères, en direction de la Banks Peninsula et du village d’Akaroa.

Au bout du bout

Après quelques courses et la réservation d’un campsite pour le week-end, nous roulons la grosse heure qui nous sépare de la péninsule. La route comme le lieu est splendide. Sur place, on fait quelques petites marches comme la Ōnawe Peninsula et une colline alentour sans vraiment de nom. Le lendemain nous visitons le village d’Akaroa, réputé pour être d’origine française. Il s’avère qu’à part quelques drapeaux français et des noms de rues tels que « Rue Jolie », il n’y pas grand-chose qui rappelle le pays. On mange un fish&chips plutôt bon et visite le musée qui s’avère être très intéressant. On y apprend justement que le village a été fondé par des français espérant coloniser le pays, mais qui se sont fait grillés par les anglais arrivés plus tôt sur l’île nord et ayant signé le traité de Waitangi avec les Maoris, faisant des deux îles nord et sud des colonies anglaises. Les pionnières et pionniers français sont restés un moment à Akaroa mais il ne reste aujourd’hui plus aucun véritable vestige de leur existence, à part la maison du fondateur (quand même recréée après sa démolition au XIXe siècle). Les racines françaises du village ne sont en réalité mises en avant que bien après la disparition de toute trace de notre culture, et ce à des fins uniquement touristiques. Ça a d’ailleurs porté préjudice deux fois, lors de l’attaque du Rainbow Warrior et lors des essais nucléaires français dans le pacifique, où les franchouillards se sont tapés une réputation pourrave en Aotearoa pendant plusieurs années à chaque fois poussant Akaroa à faire profil bas sur leur « Frenchness ». Comme on semble se tenir à carreau depuis une quinzaine d’années, la mayonnaise commence à prendre à nouveau et des français et françaises devenues résidentes en Aotearoa viennent même s’installer à Akaroa.

Retourouvailles

Après la Banks Peninsula, on revient dans les terres et s’arrête une nuit à Christchurch car Quentin et Romario y passent à ce moment là, ainsi que Catriona avec une pote à elle. On réserve une nuit hors de prix dans un backpack en centre-ville pour aller boire des coups tous ensemble. Je profite de l’occasion pour visiter la cathédrale de remplacement faite avec des tubes en cartons. Ça casse pas trois pattes à un canard.

On erre ensuite dans la ville en recherche désespérée de bars ouverts un lundi soir : Christchurch, c’est vraiment mort ! On fini par trouver un endroit sympa qui sert des VRAIES pintes, incroyable, 570ml ! On rejoint ensuite Cat et sa pote dans un autre bar avec plein de billards. La soirée est sympa et c’est super agréable de recroiser les copains copines. Le lendemain, tout le monde repart de son côté : Quentin et Romario vont vers le nord à Kaikōura, Catriona vers l’est à Akaroa et nous vers l’ouest en direction du Lac Tekapo.

De l’autre côté

Noël est passé, le jour de l’an aussi, mes sacs sont bouclés, les au revoir faits : je suis fin prêt. Il est temps de quitter Wellington, de quitter l’île du nord, et de partir en road trip honorer un de mes principaux objectifs de voyage : visiter l’île sud d’Aotearoa. Lundi 2 janvier, à 5 heures et des brouettes, je me dirige vers le port de Wellington pour débuter la grande aventure.

La grande traversée

L’embarquement à bord du ferry se fait très simplement, même avec la voiture (on oublie pas que je suis un anxieux de base pas vraiment habitué à la conduite) et après quelques minutes d’attente je suis à bord, grignotant un sandwich en regardant les premières lumières du jour à l’extérieur. Le bateau part avec un peu d’avance, je sors regarder une dernière fois Welly, avec un petit pincement au cœur. C’est que je l’aime bien cette ville, quand même, elle va me manquer.

La traversée dure environ trois heures et offre d’assez beaux panoramas, surtout au lever du soleil. Juste en sortant de la baie de Wellington, alors que j’étais sur le pont à regarder l’océan, deux dauphins bondissent hors de l’eau juste à côté du bateau ! Nous ne sommes que deux à les avoir vus et lorsque nos regards se croisent on laisse échapper un éclat de rire tellement l’instant est magique.

L’arrivée vers Picton est magnifique, le paysage détonne avec celui de Wellington : plein de collines entourées d’eau, formant des dizaines de baies avec un très beau relief. Comme pour le départ, l’arrivée est un peu en avance. Le débarquement se fait encore plus facilement et rapidement que l’embarquement.

Ça y est, j’y suis.

Picton

L’Atlantis Backpacker et sa délicieuse absurdité

Une fois arrivé à Picton, je pose mes affaires à l’Atlantis Backpacker, excellemment conseillé par Perrine. Le lieu est plutôt marrant, le confort plus sommaire qu’à Trek mais les parties communes sont vraiment cosy et c’est quand même moins cher. Je prévois de passer deux nuits à Picton puis de prendre la route. Le choix s’avère relativement bon, car Picton n’est pas non plus immense. Je balade au Victoria Domain, une pointe qui s’avance dans la baie, ainsi qu’à Hilltop, un point de vue au dessus de la ville. C’est très joli, mais la baie est remplie de bateaux à moteurs du matin au soir, ce qui ajouté aux ferry casse un peu le délire. Le port abrite toute une colonies de raies, qu’il est assez facile d’observer tant elles se baladent pépouse !

Une raie saluant les touristes dans le port
On dirait le sud !

Au backpacker je fais la rencontre de Chiara et Diego, un duo cousine-cousin francophones qui bossent à Atlantis depuis plusieurs jours. Je les rejoins sur une plage une après-midi pour pêcher des oursins, une expérience fort sympathique et plutôt tranquille. On les déguste le soir avec un verre de pastis (il m’en reste du réveillon) en compagnie de Charlotte, une autre française, avant d’aller boire des coups dans un pub avec encore d’autres français du backpacker. On décide avec Charlotte de voyager ensemble pendant quelques jours pour visiter les environs, Chiara et Diego doivent rester encore un peu travailler au backpacker mais on garde contact pour se retrouver plus tard.

Aotearoa, baies baies

Le 4 janvier on prend donc la route avec Charlotte en direction de l’est, pour explorer un peu la côte. Je tâche de repérer les endroits où dormir pour pas trop cher, car oui, la législation a changé en Aotearoa et le tourisme en campervan, voiture, tente, est bien moins facile qu’avant. La plupart des sites gratuits qui existaient avant sont maintenant payants et un grand nombre sont désormais réservés aux véhicules dits self-contain (qui ont des toilettes et des réserves à eau propre et usée) officiellement labellisés. C’est bien moins accueillant et souvent absurde, entre sites très chers pour quasi-rien et sites avec toilettes et évier mais réservés aux self-contain, mais je ferais un article dédié là dessus plus tard. Toujours est il que trouver des lieux où dormir s’avère en fait un exercice moins aisé qu’attendu.

On a enchaîné des campings du DoC (Department of Conservation) pour 10$/pers/nuit dans des coins assez magnifiques, baladant dans les alentours de Picton et Blenheim. À commencer par Whites Bay, une plage sublime avec une grande arche, où on a pris l’apéro après une belle randonnée. Puis Rārangi, une très longue plage avec la charmante Monkey Bay et un blowhole (grotte dans laquelle la mer s’engouffre et crée des bourrasque avec les vagues).

On est ensuite allés à Aussie Bay où nous ont rejoint Denis et Ondine, deux potes à Charlotte qui voyageaient avec Mathis le précédent propriétaire de leur van. Un coin plutôt reculé mais très beau, où on a sympathisé avec un Allemand qui venait de Wānaka (10 heures de route) juste pour pêcher ici ce week-end ! Pendant la nuit, on s’aperçoit que la petite rivière est pleine de vers luisants et en remontant jusqu’à la petite cascade à côté, on se retrouve littéralement entourés de ces petites étoiles de terre. C’était absolument magnifique et reste un de mes plus beaux souvenirs jusque là.

Le jour suivant nous retournons vers Rārangi faire une randonnée sur les hauteurs, en embarquant Chiara et Diego à Picton au passage. Des flaques colorées sous ma voiture rappellent à mon bon souvenir que celle-ci a une fuite, je décide donc de prendre rendez-vous avec un garage à Blenheim non loin. Le lendemain Denis, Ondine et Mathis reprennent la route pour la côte Est et nous restons dans les alentours de Blenheim avec Charlotte, Chiara et Diego pour explorer le Wairau Lagoon, où trône une vieille épave toute rouillée, puis la Maori Island où mes trois compères essaient de pêcher une anguille pour le repas du soir (sans succès) pendant que je vais balader dans le coin. Le soir on se fait un méga apéro au coin du feu sur la plage avec deux autres français, on se marre bien et se couche à bien 3 heures du mat’.

Point de fuite

Le lendemain, après 4 heures de sommeil et un réveil difficile, j’emmène ma voiture au garage pour un diagnostic. La fuite a pas l’air vilaine et j’espère qu’elle pourra être réparée dans la journée. Charlotte m’accompagne et on laisse Chiara et Diego au camp. On va prendre un café en préparant le départ pour Nelson Lakes dans l’après-midi, puis une remontée vers Nelson où je dois rejoindre Timon, Damien et Quilian pour faire l’Abel Tasman ensemble. Au bout d’une heure et demie le diagnostic tombe : la fuite est monstrueuse. Il y a deux pièces à changer, coûtant 300$ et 800$ environ. Avec la main d’œuvre la garagiste m’annonce une facture à 1500$ grand minimum, sûrement plus. Entre trois jours et deux semaines de réparation. Elle me déconseille de continuer à rouler avec la voiture. La claque.

Le manque de sommeil n’aide pas vraiment à prendre une décision sur que faire en plus de me faire déprimer violemment (ouin quand je manque de sommeil je suis toujours méga déprimé, ça fait ça à tout le monde ?). Je peux techniquement continuer à rouler si j’achète le liquide qui fuit et remplis régulièrement. Je peux laisser la voiture à Blenheim et la faire réparer là mais deux semaines, c’est long. Je peux aussi continuer mon programme normalement jusqu’à Nelson Lakes et Nelson sans régler le problème et remplir le réservoir tout le temps, mais c’est con. Je décide finalement de rouler jusqu’à Christchurch où j’espère pouvoir avoir des réparations moins chères, plus rapides, et un house sitting le temps des réparations pour économiser le logement. Je dis au revoir à Charlotte, qui part en stop vers l’Ouest en direction de Nelson et je prends la route vers l’Est. C’est parti pour Christchurch.

Welly, c’est fini

Après presque quatre mois de séjour joyeux et animé à Trek, la pénurie de boulot et l’augmentation des prix dus aux vacances d’été me poussent à faire des économies en quittant l’hostel (hors de question de rogner sur l’alcool). Ayant acheté une voiture quelques semaines auparavant dans l’intention de traverser l’île sud avec, c’est l’occasion de s’entraîner à ce mode de vie.

Petite parenthèse d’ailleurs : certaines personnes ont pu m’entendre le dire, je prévoyais originellement de partir dans l’île sud début décembre et prendre bien trois mois pour l’explorer de fond en comble. Plusieurs éléments m’ont poussé à reporter ce départ. En premier lieu, l’achat de la voiture que je prévoyais en novembre s’est décalé à début décembre et je ne voulais pas acheter mon ticket de ferry avant d’avoir la voiture de façon sûre, je suis prudent et préfère ne pas mettre la peau de l’ours dans le char avant de tuer les bœufs. Mon départ se décalant ainsi vers la mi-décembre a amené le second point : je préférais passer les fêtes de fin d’année avec toutes les connaissances rencontrées à Welly plutôt que potentiellement tout seul. J’ai donc réservé un ticket de ferry Wellington-Picton le 2 janvier.

Revenons maintenant à nos moutons. Le 21 décembre, je pars donc de Trek vers de nouvelles aventures. N’écoutant que mon courage et ma flemme monumentale de faire deux aller-retours, j’accroche mon sac de 70 litres sur mon sac de 80 litres afin de mettre les deux sur mon dos, je mets sur le ventre mon plus petit sac avec tout mon bazar informatique qui pèse une tonne, prends à la main mon sac-cabas de bouffe et me voilà parti pour dix minutes de marche en montée incluant les Allenby stairs de l’enfer. Ce sera la première et dernière fois que ferai ça tant ces quelques minutes m’ont parues plus longues et difficiles que trois jours de rando en autonomie dans les Alpes. Je cale tout ce boxon dans ma voiture, que j’ai commencé à équiper d’un matelas gonflable et d’un oreiller. Je passe la nuit chez une connaissance en banlieue de Wellington et pars le lendemain direction la côte sud de l’île nord, à l’est de Wellington après la barre montagneuse.

En voiture, Simone

La vue depuis ma chambre

Passé les banlieues nord de Welly, la route fut carrément le baptême du feu pour la conduite : une demi-heure de virages intenses sur une route montagneuse sous la pluie. Je m’attendais vraiment pas à ça et m’en suis pas trop mal sorti, me mettant régulièrement sur le côté pour laisser passer les gens coincé derrière moi et mes 30 km/h. Je fais une pause au Lake Wairarapa pour pique-niquer sous la bruime, puis reprends la route direction les Putangirua Pinnacles : une formation rocheuse particulière qui a notamment servi de décor à une séquence du Seigneur des Anneaux. Le coin est superbe, silencieux, on se sent tout petit au milieu de ces monolithes, c’est assez dingue. Après cette courte rando je continue la route pour aller dormir à un campsite gratuit à Ngawi. Ma première soirée n’est pas ouf : je manque de matériel, il bruime et vente dehors et j’ai peur que mon matelas soit crevé (bon il s’avère que c’était juste un bouchon pas fermé). Le coin est cependant splendide et ça compense largement.

Le lendemain, je continue encore la route côtière pour aller vers le cap Palliser, le point le plus au sud de l’île nord, près du village de Mangatoetoe où je me gare. Une demi-heure de marche le long d’une colonie de phoques (même vivant ça pue grave en fait) m’amène au cap, surplombé d’un phare réclamant l’ascension de quelques marches pour accéder à un point de vue superbe. Je continue ensuite le chemin jusqu’à l’embouchure de la rivière Waitetuna qui sort des collines ausquelles s’accorche une forêt très dense non loin de là, avant de revenir à la voiture en courant entre les gouttes de la pluie qui arrive. Sur le chemin retour je pique-nique au lac Onoke et fais un tour sur la plage proche de son embouchure. Je rentre ensuite à Welly pour squatter chez Timon et Damien qui font du housesitting dans une baraque gigantesque, et chez qui on va fêter Noël le 24 au soir.

Noël au balcon

Notre ami Rudolf

Noël sur la terrasse avec barbecue et piscine pour être exact. J’arrive le 23 chez Timon et Damien qui m’hébergent gentiment dans leur house sitting : un gardiennage de maison et animaux pendant que les proprios sont en vacances. Ils gardent Storm, une chienne de 15 ans qui n’a plus de tempétueux que le nom, et deux chats : Luna qui kiffe les câlins, et l’autre que j’ai à peine à aperçu. La maison est immense, deux étages, trois salons, deux jardins, une piscine, bref c’est plutôt chouette ! On y fête le 24 au soir entre francophones à l’exception d’un brésilien, avec un mix traditions francobelges et kiwi, passant du foie gras ramené par Allison au barbecue plus courant ici à Noël, sans oublier les bières Belges de Quilian. À deux heures du matin, pendant qu’on jouait au « loup garou en une nuit » (excellent jeu) sous le Rudolf de la salle à manger, Xavier sort le vin rouge et le plateau de fromage : que du bonheur.

Un 25 peinard

Après une (courte) nuit, le jour de Noël se poursuit dans le même esprit que la veille, à manger les reste du barbecue au bord de la piscine sous un soleil de plomb. Damien ramène le Champagne, qu’il consent à partager cinq minutes après nous avoir nargués en avançant que c’était rien que pour lui, on finit le fromage, sieste et joue peinard. En fin d’après-midi j’abandonne mes compères pour retourner en centre ville : il est temps de fêter Noël à l’anglaise avec toute la bande du UK. Ça risque de picoler sec mais heureusement, j’avais gardé deux nuits à Trek en prévision. Je file check-in à l’hostel, me change et fonce au réveillon de Noël anglais chez David et Hayley, craignant que tout le monde m’attende car ils mangent quand même beaucoup plus tôt que nous. Fort heureusement quand j’arrive vers 18h ils en sont encore à l’apéro et le repas n’est pas prêt. Je les rejoins rapidement dans leur alcoolémie, puis apprécie un repas ultra-copieux préparé de leurs blanches mains, typiquement anglais : des patates et de la sauce gravy, de la dinde, des saucisses enroulées dans du bacon, des carottes rôties au miel, des espèces de soufflés chelou… C’est plutôt bon, sans non plus être incroyable et je suis super content d’avoir pu goûter leurs spécialités. On picole encore beaucoup, à la mode anglaise : on boit ce qu’on a apporté plutôt que tout mettre en commun et on s’offre des coups les uns les autres. Autant vous dire qu’après une bouteille de vin et toutes les bières offertes je suis pas bien frais, j’en offre donc volontiers le dernier tiers avant de rentrer m’écrouler dans mon lit.

La photo de famille du UK Christmas

Le 26 en Aotearoa c’est aussi un jour férié, et assez particulier : le boxing day. Les magasins écoulent les stocks d’invendus de Noël avec des soldes monstrueuses. C’est très particulier car tout le reste est fermé, et la ville qui était totalement morte depuis la veille récupère de la vie, mais uniquement dans les rues commerçantes ! Je vous raconte pas la galère pour avoir un café, il faut identifier les shoppers avec un gobelet à la main et remonter le courant jusqu’à la source. On va chez Rhys et Harry avec Allison et Catriona pour chill devant Netflix en mangeant des croques-monsieur que je prépare avec amour. Pour eux c’est hungover lunch, mais comme j’ai toujours pas la gueule de bois après la picole, je prends des bières au passage. On bouge en fin d’après-midi pour rejoindre le reste du groupe à un barbecue, puis en fin de journée je rejoins Xavier et Manon à un bar pour un couple de bières. Le 27 je passe l’essentiel de ma journée à nettoyer de fond en comble ma voiture qui pue et est particulièrement crade. Déjà parce que j’ai pas envie de passer tout mon été dans une voiture sale qui pue, et surtout parce que le lendemain on part à 6 dans ma caisse direction Taupō : je veux pas transporter mes potes dans une poubelle ! Je check-out de Trek pour la dernière fois, après avoir squatté leur aspirateur, et vais dormir chez Rhys et Harry.

Back in Taupō

Rando au Lac Taupō, 2014

Les portières claquent dans un joyeux brouhaha, le moteur s’allument et nous voilà parti direction Taupō avec Jade, Rachel, Alex, Catriona et Xavier. Ma voiture, toute propre pour l’occasion, est en mode « famille » avec ses 7 sièges, et est plutôt confortable tant qu’on a peu de bagages. Ça tombe bien on part que pour une nuit, fêter les 30 ans de Catriona à grands coups de saut en parachute ! Pas pour moi, j’ai pas changé à ce point là, je me contenterai d’une rando pendant qu »ils s’envoient en l’air. C’est la première fois que je vais retourner dans un endroit d’Aotearoa où j’étais déjà allé il y a huit ans ! Je me rappelle qu’à l’époque on avait campé en bord de rivière, avait marché jusqu’à un super point de vue et était allés se baigner de nuit dans des sources chaudes avec une bière.

La route se passe nickel, on est 4 à pouvoir conduire et on se relaie ce qui donne un peu pus d’une heure de conduite par personne, au top. La route est magnifique, on passe le long de la chaîne volcanique au sud du lac Taupō sublimée par une jolie lumière. En fin d’aprem on atteint la ville, dépose les anglais à leur hostel et fonce au campsite gratuit avec Xavier. Je me rends compte en arrivant que ce campsite est à côté de là où on avait dormi il y a huit ans, qui est aujourd’hui juste un parking de jour, que de souvenirs ! Il y a beaucoup de monde, c’est le seul campsite gratuit du coin. Fort heureusement il y reste un peu de place, on pose donc le camp et rejoint les autres en ville à pieds pour une pizza en terrasse et une soirée karaoké (non je n’ai pas chanté) (enfin je crois) au bar d’à côté. Le lendemain, on plie le camp et retrouve la fine équipe en gueule de bois pour un petit dej’ au Mac Do, histoire de bien faire tout ce qui est déconseillé avant un saut en parachute (certaines ont même enquillé des shots de gin au petit dej’, mais je balance pas de nom). On les dépose puis on part randonner avec Xavier sur un track pas trop loin. au début de la montée, un endroit me semble familier, puis deux, puis trois… Arrivé au sommet, je reconnais le point de vue d’il y a huit ans : j’ai réussi à choisir exactement la même randonnée, espèce de patate que je suis ! Heureusement, c’est toujours aussi beau.

La journée avançant et la route étant longue, on ne bouclera pas la boucle « refaire exactement les mêmes trucs qu’il y a huit ans » en allant prendre l’apéro dans les sources chaudes et nous repartons en milieu d’après-midi. Le chemin retour se passe bien aussi, si ce n’est que ma voiture commence à faire un drôle de bruit quand on touche au volant… Faudra que je m’en occupe.

Préparatifs et nouvel an

De retour à Welly, je squatte chez Timon et Damien (enfin à leur housesitting) jusqu’à mon départ. Comme c’est les vacances d’été + Noël, tout est fermé et je galère à trouver un garage ouvert, ce qui ne manque pas de me stresser : je prends le ferry dans quelques jours et n’ai pas le temps d’attendre un rendez-vous ni même d’immobiliser la voiture chez le garagiste. Je trouve un garage qui jette un œil : il y a apparemment une fuite dans le liquide de direction assistée. Le réservoir était vide ce qui a généré le bruit et potentiellement des dommages puisque la voiture a roulé plusieurs centaines de kilomètres à sec (environ 800 l’aller-retour à Taupō). Le garagiste me rassure et me dit que maintenant que le réservoir est rempli, j’ai de quoi attendre que tout rouvre et embarquer tranquille pour l’île du sud.

Bonne année !

En attendant le départ, je finis de m’équiper pour le camping : table pliante, rideaux, jerrican, camping-gaz… Le réveillon du nouvel an se passe dans la joie et la bonne humeur avec une petite touche Méditerranéenne : j’achète une bouteille de Ricard pour fêter 2023 ! En délicieuse conséquence de quoi je me fais plein d’amis que j’oublie aussitôt, étant complètement torché à 21h30. On passe le début de soirée à Trek, qui était bien plein, avant d’aller sur le waterfront pour voir le feu d’artifice, puis ensuite c’est un peu plus flou. À deux ou trois heures du matin je rentre en titubant jusqu’à Kakori depuis Mount Victoria, ce fut une très longue heure de marche dans un froid glacial car j’avais oublié ma veste et mon tour de cou quelque part. Le premier de l’an je me remets tranquillement de mes émotions, vais récupérer ma veste que Allison a généreusement pris en charge, pose mes sacs dans la voiture et me couche pour une courte nuit : j’embarque à 5h30 du matin, direction l’île du sud.

Quilian, Xavier, moi et Allison le soir du réveillon. Je suis torché et il fait encore jour.

Un printemps à Welly

Les jours ont passé, puis les semaines, et voilà que je me retrouve honteusement à devoir résumer trois mois de vie à Wellington pour pouvoir enfin vous raconter mon départ pour l’île du sud et les endroits magnifiques découverts ici.

Donc désolé, ça va être un petit peu en mode rush, avec un nombre de photos/vidéos limité parce que mine de rien ça prend aussi masse de temps d’en ajouter. Le bon côté c’est que y a eu de toute façon beaucoup moins de randos de taré qu’en septembre.

C’est parti pour un condensé de presque trois mois à Welly, qui suivent les trois semaines de septembre qui ont suivi mon arrivée. Je vais couvrir octobre, novembre, et décembre jusqu’à un peu avant Noël.

En avant marche

Étant plus occupé par la vie sociale et professionnelle ces quelques mois, le nombre de randos a diminué. J’ai quand même fait quelques trucs bien sympa tant en ville qu’autour de Welly. Je commence par un petit florilège des trucs en ville.

Une aprem’ début octobre je fais le City to Sea Track, un chemin qui va du centre ville à l’océan sur la côte sud. Bon j’avoue on est partis de Newtown et pas du centre ville, ce qui a réduit considérablement le temps de marche, autrement y en vraiment pour longtemps.

Fin octobre, profitant d’une journée ensoleillée (chose rare à Welly), je retourne à Korokoro accompagné de Louise pour faire le chemin dans l’autre sens (remonter le long de la rivière) et enchaîner avec un petit sommet dont j’ai oublié le nom.

Fin novembre, on embarque avec Nancy (Singapour), Ulises (Chili) et Charly (UK) direction Porirua pour aller grimper. Une fois garés on attaque la marche d’approche en suivant les maigres indications que Nancy a eu par un collègue (elle bosse à la salle de grimpe de Welly). On monte sur un colline, on voit des gens en bas le long de la plage, on réalise que c’est plutôt leur chemin le bon alors on fait un grand tour pour aller le long de la plage, là on avance par le chemin qui passe par plein de petits tunnels. On se retrouve ensuite coincés, on galère pas mal jusqu’à ce qu’un pêcheur nous montre le chemin semi-grimpe au dessus de la mer parce qu’en fait la marée est haute, on continue le long de la plage et on est finalement totalement bloqués par la marée au bout d’un certain point, impossible d’accéder aux falaises. Qu’à cela ne tienne, on fait un peu de bloc sur les rochers environnants et Charly et Ulises posent un relais sur une microfalaise sur laquelle on grimpouille. Le coin est très beau, ça compense aisément l’échec de la falaise, et au final la journée fut excellente.

Enfin, début décembre, je fais une petite excursion à Ta Ahumairanghi, une colline qui surplombe le CBD avec un joli point de vue sur la ville, en passant par le jardin botanique et en enchaînant avec l’Otari Bush qui a un arbre de 800 ans.

À table !

C’est pas bon

Oui parce que mine de rien c’est important pour le petit français que je suis, la boustifaille et la boisson. Le bon côté des choses c’est que Wellington a une excellente culture culinaire, avec plein de petits restaurants et cafés, même des boulangeries françaises. Le mauvais côté, c’est qu’en France on place la barre très haut niveau qualité, et que la plupart des mets ici souffrent de la comparaison. Les ingrédients de base sont d’ailleurs de manière générale plutôt de moins bonne qualité. Pour ne parler que des principaux éléments dont je me nourris, les pâtes sont OK mais un peu chères, la crème de soja c’est plutôt dur à trouver, y a du pesto Barilla, et enfin le fromage est soit importé et très cher (genre du Saint Agur à 112$ le kilo), soit local et insipide, et parfois très cher et insipide quand ils essaie de copier un fromage étranger comme le parmesan. Donc faut carrément se méfier. Le vin, dont on m’avait dit qu’il était plutôt fameux, est en réalité assez cher et pas très bon. La plupart de ceux que j’ai essayé ont un premier goût plus ou moins bon et prononcé au début, qui s’efface très vite pour ne laisser qu’un goût d’alcool qui reste ensuite en bouche. Il y a très peu de diversité en matière de cépage et leurs goûts sont bien différents de leurs équivalents français. Je trouve par exemple le Pinot Gris, un de mes vins français préférés, particulièrement infect ici.

Le pain, lui, est absolument dégoûtant. Le truc le plus répandu est plutôt un genre de pain de mie, et les trucs qui ressemblent à du vrai pain sont en fait des leurres à la croûte molle, à la mie sèche et au goût vaguement brioché. Il y a quand même des vraies bonnes boulangeries qui font du vrai bon pain et de vraies bonnes viennoiseries. Par contre ça coûte un bras, genre l’équivalent de 4/5€ le pain au chocolat. Le café aussi coûtant aussi plutôt cher, genre 2/3€ l’expresso, le petit dej à la française c’est pas pour tous les jours. Mais il y a une vraie culture du café, il est très bien préparé et la plupart du temps excellent, avec beaucoup de choix de préparations à base d’espresso. Je reste un fan du simple espresso, cela dit les jours de pluie j’apprécie une grosse tasse de Mocchaccino. Le chocolat aussi est excellent d’ailleurs, je suis devenu accro au Hazella, un chocolat au lait fourré à la pâte chocolat/noisette, fabriqué par une marque kiwi.

Histoire de ne pas oublier mes racines, je pousse l’expérience jusqu’à faire une fondue avec du fromage local. Un choix subtil de trois types de Cheddars, de l’ail, des champignons, du presque vrai pain récupéré au boulot de Louise, et nous voilà partis pour une petite fondue avec Louise et Xavier. Le résultat est très liquide et gras mais surprenamment bon.

Boulanger en herbe

Commençant à m’habituer aux lieux et exaspéré par l’absence totale de pain digne de ce nom, je décide d’utiliser les connaissances glanées avant de partir de France pour fabriquer mon propre pain au levain (merci Alex et Mathilde). La première étape consistant à trouver de la farine de seigle et de blé complets et bio est plutôt difficile et me prend un moment. Qui plus est la qualité de la farine complète ici laisse à désirer : c’est plutôt de la farine blanche dans laquelle du son est rajouté, ce qui donne des textures vraiment chelou. Faisant avec les moyens du bord, je prépare sagement mon levain puis progresse en préparation de pain, semaine après semaine. En décembre je me débrouille pas trop mal, même si je ne suis arrivé qu’une seule fois à faire lever mon pain suffisamment, c’est mangeable et bien plus agréable que les sachets de pain de mie qu’ils considèrent comme bread ici.

À vot’ santé

Vous vous rappelez de Sylvester, le chat qui squatte Trek ? C’est devenu un bon pote

Je me fais vraiment bien à la vie à l’hostel, c’est au final comme une très grande coloc ce qui est plutôt pour me plaire. L’absence de zone d’intimité genre ma-chambre-rien-qu’à-moi me manque pas, ou du moins carrément moins que ce que j’aurais pu penser. Je suis toujours dans des dortoirs de 4, et à cause de surbooking de l’hostel, je dois changer changer de chambre très régulièrement, au moins une fois par semaine, jusqu’à mi/fin-octobre. On a géré nos réservation en même temps avec Allison ce qui fait qu’on bouge en même temps et est dans les même dortoirs quasiment tout le temps, c’est plutôt cool. Changer de chambre fait aussi changer de roomates assez souvent ce qui aide à rencontrer du monde, même si une fois la 911 avec Jade & Rachel quittée, on se retrouve quasi à chaque fois 4 francophones dans le dortoir, pas cool pour progresser en anglais ! On finit par se poser dans la chambre 948 fin octobre, où nous rejoindront après quelques semaines Louise et Xavier, on restera ainsi roomates un bon mois et demi (et on s’est bien poilés).

Sylvester sur les canapés du Trek, gardant précieusement une boîte de thon à Allison.

Trek est vraiment très vivant et idéal pour rencontrer du monde. Et c’est plutôt pratique, j’y ai par exemple rencontré Yannick, à qui j’ai racheté sa voiture, faisant de moi un propriétaire automobile pour la première fois de ma vie ! Fin octobre, une soirée d’Halloween est organisée et dès fin novembre l’hostel a un petit événement chaque soir de la semaine : soirées film lundi, barbecue jeudi, jeux le dimanche, spaghetti & sangria (oui on a pas trop compris l’association) le vendredi… Je m’y fais plein de potes et plusieurs groupes se créent. Avec le temps certaines personnes prennent des appartements, d’autres changent d’hostel, des gens quittent la ville ou le pays… les groupes évoluent pas mal mais tendent petit à petit à se stabiliser, surtout sur une base de gens restant à l’hostel ou Welly plusieurs mois. En décembre, je traîne surtout avec deux groupes de gens : un plutôt français et un plutôt anglais. Pour fêter l’arrivée de l’été, on décide de faire un crate day avec Xavier. Ça consiste à acheter une caisse de 12 bouteilles de 75cl de bière (par personne), et à tout boire de midi à minuit, soit une par heure. On a attaqué à 15h car on a galéré à trouver un liquor shop qui avait encore des caisses, j’ai bu la moitié et me suis fait aidé pour l’autre en filant des bouteilles. Heureusement d’ailleurs, parce que c’est une de mes plus grosses cuites, une excellente soirée sur laquelle j’ai tout de même fait 12h de picole puisque j’ai fini à 3h du matin. La vie est donc joyeuse et mouvementée, et avec Allison on a pris pour habitude d’aller prendre un café/brunch les lendemains de grosses soirées pour potiner de ce qui s’est passé la veille, c’est les gossip coffees.

Évidemment, tout cette sociabilisation dans une ville aussi vivante que Wellington conduit inéluctablement à sortir au bar, et souvent. La ville est REMPLIE de bars. Y a partout, de toutes les sortes, de tous les styles… Tellement que j’ai fini par faire une liste des bars de Wellington dans lesquels je voulais aller au moins une fois, l’enjeu étant de tous les cocher avant de quitter la ville (raté). Les premiers bars listés sont plutôt importants, les premiers dans lesquels je suis allé et clairement ceux dans lesquels je suis le plus retourné, souvent à mon grand désarroi retournant encore et toujours dans ces même putains de bars alors que je voulais juste cocher de nouveaux sur ma liste. Mais les british ont particulièrement aimé le billard gratuit et les pichets de bière dégueu à 12$ du JJ, et la petite cour intérieure où on peut fumer et les pichets de bière dégueu à 12$ de Vinyl. de mon point de vue, ces bars proposent surtout des micropintes de bière acceptables bien trop chères. Oui car à Wellington, les pintes font rarement (jamais en fait) 50cl, plutôt entre 40 et 47.5, la plupart du temps 42cl. Ils ne font pas de bière de type belge, ne savent pas ce que c’est une triple, les bières sont entre 5% et 6% grand max (souvent moins de 5) et pour une bière à 8% ils ne servent pas de pintes. Ils ont par contre bien plus de stout (des vraies stout, pas des imperial dégueu de hipster à 12%) et beaucoup de hazy, des bières non (ou moins) filtrées qui ont un goût un peu sucré très agréable, particulièrement sur les IPA, ça casse un peu l’amertume sans la supprimer.

Je suis vraiment beaucoup, BEAUCOUP sorti en octobre, un peu moins en novembre, encore moins en décembre, car l’hostel s’est petit à petit vidé des gens que je connaissais le mieux, et surtout parce que j’ai commencé à travailler pour rattraper le coût de toute cette débauche. La bière étant assez chère quand on a du goût, sortir tout le temps c’est un sacré budget.

Au boulot !

Dès fin septembre, je me suis mis à chercher du taff en tant que développeur web. J’espérais alors trouver un contrat court, genre 3 mois, pour être libre pendant l’été pour mon road trip dans l’île du sud, ou alors un job avec possibilité de temps partiel et télétravail pendant l’été. Ça a malheureusement pas trop marché, et pendant que tous mes potes bossaient dans des taff de backpackers genre barista, commis, plonge, bâtiment, ménage/chambres, j’envoyais des CV depuis la terrasse du Cafe Mamba, mon café préféré. En octobre, voyant que ça risquait de prendre du temps et l’addition des bars augmenter, j’ai commencé à bosser en casual pour un genre de boite d’intérim histoire de gagner trois sous. La plupart des missions étaient à la journée, et j’ai enchaîné pas mal de trucs assez différents, mais quand même globalement assez cool.

Recherche de boulot sur la terrasse du Cafe Mamba

J’ai commencé par un petit centre de conférences plutôt haut de gamme qui accueillait principalement des groupes de travail des ministères (on oublie pas que Welly est la capitale d’Aotearoa et donc toute l’administration et le gouvernement sont là), dans lequel j’ai du bosser un peu moins de deux semaines en cumulé sur novembre et décembre. Je m’occupais de réapprovisionner le thé/café, apporter les repas, desservir, faire la vaisselle, mettre en place des configurations de pièces…. C’était plutôt tranquille, les managers étaient absolument adorables et y avait de la bouffe gratos quand les clients laissaient des restes.

Au petit matin, je prends le train pour aller au Countdown

J’ai aussi un peu bossé pour le Te Papa Museum, à faire du service de bouffe/boisson sur des événements. C’est de loin le boulot le plus chaotique que j’ai fait de ma vie : aucune consigne, aucune explication, tout le monde courait dans tous les sens en appliquant des consignes éparses et peu claires, parfois contradictoires, bref, un management bien à chier, mais encore une fois des gens adorables, de la bouffe gratuite car ils mettaient un point d’honneur à nous offrir le dîner (même quand ils avaient recruté trop de monde, ils ont gardé occupée la moitié de l’équipe jusqu’à l’heure du repas avant de nous libérer). J’ai aussi un tout petit peu bossé pour Countdown, une grosse chaîne de supermarchés, mais vraiment très peu car c’était hyper ennuyeux.

Enfin j’ai bossé les deux premières semaines de décembre à la plonge au Bellamy, un restaurant au troisième étage du Beehive, le bâtiment du Parlement. Super équipe, super ambiance, je me suis vraiment régalé ! C’était la première fois que je bossais en restau et en back of house, et j’ai été vraiment hyper chanceux de tomber là pour une première expérience. Le dernier jour c’était la fermeture annuelle du restau pour plusieurs semaines et ils m’ont invité à leur restau de fin d’année, trop sympa. Le boulot de plonge est cependant assez dur et c’était pas plus mal de faire ça que deux semaines, c’est hyper violent pour le dos, les mains, et quand même assez fatiguant. Si je cherchais pas du boulot en informatique je me demande quand même si j’aurais pas postulé là pour du plus long terme.

La vue depuis une salle de réception du Te Papa

Mi-décembre, les vacances d’été/de Noël ont commencé, et la plupart des entreprises ont fermé, je me suis donc subitement retrouvé sans boulot car plus aucune mission était postée. Les prix de l’hostel ont également commencé à grimper à cause de la fin d’année, j’ai donc du prendre une décision difficile : faire des économies en quittant Trek.

Mais ça, ce sera pour le prochain épisode. 🙂

Un septembre à Welly

Résumé de l’épisode précédent : Wellington c’est beau, gavé de nature, et ça souffle autant que dans un simulateur de chute libre.

Après la découverte de la ville et des rando aux alentours, il fut temps de passer au perfectionnement : plus de randos, plus loin, plus long, plus beau. C’est parti pour un petit résumé du mois de septembre à Wellington.

Makara peak

Piiiin poooon

En milieu de semaine, bercé par mes envies d’aventures, je décide d’aller randonner autour d’un point indiquant une cascade sur ma carte. Ma motivation apparemment contagieuse atteint Han, Jakub, Charlotte et Allison, et nous décidons de partir dans la matinée. L’alarme incendie de l’auberge nous retarde un peu mais nous permet d’admirer quelque pompier sexy avant de prendre le bus pour Karori.

Une fois sur place, on se retrouve dans un vrai labyrinthe de chemin qui semblent être principalement pour les vélos de descente ! On ose donc pas emprunter celui passant par la « cascade » qui – renseignement pris – ressemble plus à un ruisseau boueux, et montons au Makara peak par un large chemin. La vue de là-haut est superbe : les sommets enneigés de l’île du sud, les éoliennes de la côte ouest, la baie de Wellington…. On profite quelques minutes seulement, le vent nous dissuadant de rester plus longtemps.

En redescendant, on croise un charmant petit panneau indiquant le chemin des fées, juste avant de rejoindre le parc de Karori et la civilisation. Nous nous y engageons pour découvrir les charmantes masures de ces petits êtres sylvestres qui jonchent le chemin. Ce n’est qu’après plusieurs minutes de marche, nous enfonçant un peu plus dans la forêt, que nous découvrant avec stupéfaction la terrible vérité : les fées sont visiblement des êtres maléfiques cherchant à nous égarer dans la forêt pour nous dévorer. Nous sommes en train de tourner en rond et avons perdu le chemin de Karori !
Heureusement, grâce à nos talents combinés, nous déjouons leur plan maléfique et retrouvons la route vers le parc derrière un buisson.

Pour se remettre de nos émotions, on décide d’aller manger un bout avec une bière au « JJ », un pub sur Cuba Street. L’ambiance est cosy, la bière bonne bien qu’un peu chère, et la bouffe bienvenue après toutes ces aventures. Je le sais pas encore, mais ce putain de bar va bouffer 50% de mes économies dans les deux mois qui suivent.

Pendant ce temps là, à Wellington

Je m’habitue petit à petit à la vie à Trek, l’hostel. Jakub est parti emménager dans un appart à Karori et nous partageons désormais la chambre avec Jade et Rachel, deux anglaises bien marrantes qui font honneur à la réputation saoûlarde des british. Ça tombe bien : je brûle d’envie de découvrir les bars. Mes économies commencent donc à fondre comme neige au soleil, et le soleil d’Aotearoa tabasse effectivement assez fort. En même temps y a pas de bière forte ici, quand ça dépasse 5% d’alcool c’est limite considéré comme de l’absinthe, et ça sert des mini pintes de même pas 50cl. Mais bon, je ferais un article sur la vie nocturne plus tard.

En septembre, c’est la fin de l’hiver et le début du printemps en Aotearoa. Pendant la deuxième quinzaine du mois, un passage de quelques jours très froids ont rappelé que l’hiver n’était pas si loin : il a fait moins de 5° pendant trois jours ! Un matin on a même pu voir un peu de neige saupoudrée sur les collines alentours. La proximité avec l’Antarctique rend le vent du Sud très froid, et la position très exposée aux vents de Wellington accentue juste le problème. Heureusement, le vent vient la plupart du temps du nord. Comme le temps et la température ne sont plus vraiment propices aux randonnées, les vadrouilles se font un peu plus urbaines. Je découvre les incontournables de Wellington, genre le mont Victoria qui offre une vue de dingue sur la ville.

Impossible également de rater le fameux « Cable Car », un vieux téléphérique rouge emblématique de la ville. Faut dire que la vue est pas dégueu de là-haut. En plus, il arrive dans le jardin botanique ! L’occasion rêvée pour le visiter de fond en comble. C’est un peu tôt pour les roses, mais pile la saison des tulipes. Le froid rend le passage dans la serre très agréable, on y trouve même un un banc face à un petit bassin plein de nénuphars, papyrus et poissons. Très relaxant.

Le Waterfront est un autre incontournable. Il y a souvent des événements, genre le « World of Wearable » avec des tenues hyper chelou, ou bien un étrange tunnel lumineux en honneur à la culture Maori. C’est aussi là où y a la salle d’escalade, le musée Te Papa, et la piscine et la plage si on continue vers Oriental Bay.

Un jour, assis au bout d’une jetée, on a même vu un pingouin pointer son nez hors de l’eau avant de replonger. Quelques minutes après, on l’a vu nager sous nos pieds, passant comme un éclair. C’est une chance assez incroyable, ils sont plutôt rares à voir. En repartant, on a vu un jeune phoque nager aux alentours et même marcher un peu sur la plage, pour compléter le tableau.

L’ami phoque sur la plage
Le Trek vu depuis le bas de la rue

Le Trek est vraiment un super lieu, dans lequel je prends je plus en plus mes marques. Je trouve à 5 minutes de l’hostel un parc à chien immense et quasi toujours vide pour aller faire du sport le matin. Je sais où sont les expressos les moins chers aux alentours. Je profite de la guitare en accès libre sur le banc devant l’hostel au soleil. Je m’habitue à l’alarme incendie mal réglée qui se déclenche tous les 15 jours aux heures les plus improbables (pour l’instant on a évité 4h du mat’, je touche du bois).

Sa majesté Sylvester

Je deviens pote avec Sylvester, le chat des escaliers Allenby qui entourent l’hostel. Bon c’est pas dur il passe son temps à traîner dans les escaliers ou sur les canapés du Trek à attendre que des gens le caressent.

L’hostel est rempli de voyageurs et voyageuses et l’ambiance sympa et familiale met dans une bonne disposition pour parler aux autres. Des groupes se forment rapidement et facilement. Ça permet d’aller visiter le coin accompagné, et c’est toujours sympa. Un dimanche on prend le bus pour aller balader de long de la mer autour du mont Crawford. On est sensé aller voir un fort qu’on rate totalement à force de bavarder (on est quand même une petite dizaine à passer à côté).

Red Rocks 2, le retour d’Owhiro Bay

Quelques jours après ma première expédition, je retourne sur le Red Rocks Track accompagné d’Allison et Han. On tarde un peu à partir donc cette fois-ci, pas de retour par les montagnes (et puis mes compères sont moins des tarées de la marche que moi). De toute façon, l’objectif est surtout de dépasser la plage des Red Rocks pour aller au Devil’s Gate : un passage étroit entre les roches le long de la côte. Le temps est bien plus venteux que la dernière fois et les vagues impressionnantes. En passant Devil’s Gate, on a la chance de pouvoir observer plein de phoques. Il y en a même un juste à côté du chemin à quelques centimètres de nous ! Pas le temps de prendre en photo, j’attrape tout le monde pour les amener plus loin : j’ai lu que les phoques peuvent être plutôt véners quand on les stresse en étant trop près, et particulièrement si on est entre eux et l’océan. Surtout qu’on a pu admirer la dentition de ces charmants bestiaux sur les 256473632 cadavres puants le long du chemin : mieux vaut ne pas les contrarier.

Le voyage de Korokoro

Enfin fin septembre, profitant d’une journée ensoleillée et au retour des températures de printemps, je prends le bus pour aller au nord de la baie, à Lower Hutt, marcher dans le parc régional de Belmont. J’ai cru voir une cascade sur ma carte, j’espère que c’est pas une arnaque ce coup-ci. Après une demi heure de bus au prix modique d’1$20 sur la Snapper Card (ouais je suis un local j’ai une carte de bus maintenant) et un petit quart d’heure de marche le long de l’autoroute, le chemin tourne à gauche et boum : c’est la nature ! Une forêt, un parc tout mignon, une grotte qui ressemble juste à un tunnel pas fini, un sentier le long de la rivière… et la cascade de Korokoro ! C’est plutôt canon, cette fois-ci la carte a pas menti, sur ce point là. Elle est plus facétieuse concernant le chemin cependant : je met 20 minutes et deux essais à trouver où est-ce qu’il continue après la cascade. Après une bonne montée jusqu’à un point de vue sur la baie je traverse une banlieue résidentielle et marche jusqu’à l’ancien barrage de Korokoro (Korokoro Dam) qui se trouve ne pas être sur la même rivière que la cascade. Je rejoins la baie en marchant le long de la rivière Korokoro, cherchant sans succès à comprendre la logique de cette cascade à 5 kilomètres de la rivière, puis j’abandonne et profite juste de la vue. C’est plutôt charmant, faudra que je revienne dans ce coin.